Clara Petacci fut la maîtresse du Duce, qu’elle rencontra en 1932, à l’âge de vingt ans. Elle est morte en 1945, parmi les fidèles qui accompagnaient Mussolini dans sa tentative de fuite.
Elle a tout consigné de sa relation avec le leader fasciste, dans un journal intime qui a été tenu secret par les autorités italiennes pendant plus de 70 ans. Finalement publié en 2009 sous le titre Mussolini secret, il n’a pas été traduit en France. C’est ce journal qui a servi de base aux auteurs pour composer leur album.
Clara, pourtant élevée dans le culte de la personnalité de Mussolini, n’y dissimule rien de la vulgarité de son amant, de ses fantasmes et de leurs jeux sexuels. Il culbute ses maîtresses dans la « salle de la mappemonde » (tel un Chaplin lubrique échappé du Dictateur), et affirme être « un petit garçon », mené à la baguette par sa matrone de femme avec qui il essaye de filouter pour sécher le conseil des ministres et retrouver ses amoureuses.
Depuis ce point de vue intime, on observe un Mussolini en fin de règne, empêtré dans des scandales qui ruinent son image et le poussent à désigner des boucs émissaires : les juifs. L’élite bourgeoise, qui lui a permis d’accéder au pouvoir pour faire rempart au communisme et garantir ses privilèges, le trouve de plus en plus encombrant. Des successeurs potentiels ourdissent des complots, tandis que Mussolini s’engage dans une compétition puérile avec Hitler, qui était jusque-là sa pâle copie. Le Duce, inventeur du fascisme et de la propagande, est pris à son propre piège, fasciné par le dictateur allemand et son délire idéologique. Il entreprend même de transformer les italiens en aryens impitoyables. La Seconde Guerre mondiale lui fournira l’occasion des pires exactions...
A l’heure où l’ordre, l’autorité jouissent à nouveau d’une grande certaine popularité et où les valeurs réactionnaires sont incarnées par des figures charismatiques, cet album pourra, espérons-le, contribuer à dessiller les yeux de quelques-uns.