À quelques mois de ses 40 ans, Magali apprend qu’elle est atteinte d’un cancer du sein. Ah, mais elle n’a pas le temps du tout : elle doit finir sa bande dessinée Nowhere Girl, s’occuper de ses filles, continuer ses cours de pilates ! Et puis hors de question qu’elle se retrouve comme sa grand-mère, avec un sein-chaussette, à tricoter en écoutant sa petite émission historique. Entre les mammographies, biopsies et autres rendez-vous médicaux, quand l’angoisse l’immobilise, Joe Strummer apparaît et secoue Magali. Tout comme les Beatles ont pu l’aider à 12 ans, The Clash lui rappelleront qu’elle est bien vivante. Une telle combativité, aucun doute, Magali est bien une punk à sein !
Nowhere Girl : une bande dessinée autobiographique, sensible et drôle, en dépit de la gravité du sujet, la phobie scolaire. Dans Punk à sein, Magali Le Huche renouvelle cet exploit en racontant son cancer du sein, de l’annonce, le 13 décembre 2018, au dernier rendez-vous en décembre 2024. Dès les premières pages, tout y est : sa silhouette, seins à l’air, plonge dans sa propre échographie et croise tour à tour sa grand-mère qui tricote, elle-même atteinte d’un cancer du sein, la petite Magali entourée par les Beatles, et, plus loin Joe Strummer endormi mais pas pour bien longtemps… Avec une sincérité et une autodérision peu communes, l’autrice use de fantaisies graphiques et montre les multiples émotions qui la traversent. Ce décalage salvateur et cette temporalité fantasmée l’inscrivent dans une lignée de femmes, celles de sa famille, ses amies, ses copines. Et la musique, toujours, mais qui cette fois fait résonner la colère devant l’injustice de la maladie. Le punk comme lien entre une mère et ses filles, comme moteur d’un corps meurtri, et dont l’élan vital irradie tout l’album.