Scénario : Doug Headline et Luana Vergari
Dessin : Onofrio Catacchio
Couleurs : Hiroyuki Ooshima
1933. Dans une petite ville près d'Hanovre, Ebenezer Grump, surnommé le Vampire aux yeux rouges, un meurtrier impitoyable qui a coûté la vie à plus de soixante femmes, enfants et jeunes gens, est sur le point d'être guillotiné. Harry Dickson, qui l'a capturé, ainsi que son élève Tom Wills, sont présents pour assister à l'exécution. Cependant, Dickson soupçonne que quelqu'un tire les ficelles de Grump. Une fois exécuté, l'affaire semblait résolue. Mais notre héros poursuit son enquête ; il y a quelque chose de très étrange dans tout cela : comment expliquer la peur du vampire et son désir ardent d'être exécuté ?
Jean Ray, insaisissable auteur belge, que d’aucuns comparent – sans doute un peu trop goulûment – à Lovecraft, a offert à la littérature fantastique une galerie de récits où s'abreuvent Onofrio Catacchio pour le dessin au couteau et Hiroyuki Ooshima pour l'empire des sangs et des couleurs. Tout comme son ami Henri Vernes, qui fit voyager Bob Morane au-delà des frontières belges du réel, Jean Ray a su engendrer, avec Harry Dickson, détective « cloné » de Sherlock Holmes, une lignée d’aventures qui ne manquent pas de mordant. Ce troisième tome, Le Vampire aux yeux rouges, conduit le lecteur en Allemagne, clin d’œil ironique à cette série originelle publiée dans la langue de Goethe plagiant les romans de Conan Doyle et que Ray aura transposée. Le résultat, ici, reste dans la même bonne veine que les deux premiers volumes : une intrigue certes un peu prévisible, dans laquelle Harry Dickson actionne la guillotine et le sang coule à flots. L’histoire de vampires est un terrain battu et rebattu avec ses clichés, mais les scénaristes Doug Headline et Luana Vergari ont pu y transfuser au fil des 52 pages, un baxter de fantastique et de mystère au goutte-à-goutte qui empêche toute lassitude. L’adaptation graphique, avec sa ligne claire, ses excellents cadrages, et sa mise en couleurs très soignée, enfonce le clou avec une lisibilité remarquable. La coloration d'Hiroyuki Ooshima suit exactement cette recette, à savoir ne supporter que cette clarté et jamais la superposer. Cela correspond à une histoire policière classique, dont les romans ont vraiment pris leur envol dans les années 1930 et qui nous transmettent le flair avec (comme on dit) des lieux et des événements étranges. « Ne pas se fier aux apparences » reste le leitmotiv d’Harry Dickson. Le vampire cache toujours son jeu dans les replis de la nuit. On sort de cette lecture avec l’impression qu’en matière de suspens, Jean Ray et ses héritiers savent encore mordre le temps présent à pleines canines.
VERDICT
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« Le Vampire aux yeux rouges » offre une belle histoire de mystère et de suspense. L'atmosphère est reine dans cette aventure policière classique.