Avant les lettres, avant la fugue, avant Marie-José, Victor était en CM2 et l'amour est loin de ses préoccupations. C'est un garçon comme tant d’autres, un peu rêveur, pas très copain avec les dictées, beaucoup trop lucide pour son âge. En revanche, il grandit et développe des mécanismes de défense, la résilience et la philosophie poétique qui le caractérisait dans le premier tome. Pourquoi ? Eh bien, la vie n'est pas simple quand vos parents se disputent comme chien et chat, quand la prof progressiste oblige les élèves à jouer Aristophane pour la pièce de fin du primaire, et quand la boxe semble moins dangereuse que de se battre contre ses propres sentiments confus. Trois personnes vont changer sa vie pour le mieux, mais pas avant d'avoir traversé des tragédies et des difficultés : la nouvelle fille d'en face, plus âgée, plus sage et cool, le scandaleux oncle Zak (débraillé, tatoué, poète sans diplôme) qui débarque sans prévenir et sa tante Etoile..

Dans ce préquel tendre et lumineux, Joris Chamblin remonte le temps pour nous offrir un Victor plus jeune, mais déjà infiniment attachant. Pas encore bouleversé par l’amour, mais déjà blessé par les silences. Même héros, même approche narrative, mêmes sauts soudains entre des sujets sérieux et loufoques, mêmes tragédies surgissant de nulle part... un peu comme la vie. Trois ans avant, c’est une bulle d’enfance, d’humour doux-amer, de conversations bancales et de petits gestes qui disent tout. Un récit tout en délicatesse, à lire comme un murmure avant la grande partition.  Le trait d’Anne-Lise Nalin est toujours aussi vibrant, tendre et expressif. Les regards, les postures, les silences dessinés — tout y est juste. On retrouve l’univers visuel du premier tome, avec une palette un peu plus douce, comme pour accompagner l’enfance encore un peu intacte.