Le dernier costume n'a pas de poche
Plate-forme : Bande Dessinée
Date de sortie : 05 Février 2025
Résumé | Test Complet
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Genre :
Bande dessinée
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Non
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Non
Test par

Redaction


8/10

Scénario : Laurent Galandon
Dessin : Paolo Castaldi

« Le dernier costume n'a pas de poche » est une bande dessinée qui aborde le thème douloureux des migrants disparus en mer Méditerranée, mais sous un angle original et profondément humain. Loin des récits sensationnalistes ou des statistiques froides, Galandon choisit de nous raconter l'histoire de Chamesddine Marzoug, un pêcheur tunisien de Zarzis qui s'est donné pour mission d'offrir une sépulture digne aux corps rejetés par la mer. La grande force de cet album réside dans son approche centrée sur l'humain. Galandon ne cherche pas à dramatiser à outrance le sort des migrants, mais plutôt à mettre en lumière la dignité de ces vies perdues et l'humanité de ceux qui restent et tentent de leur rendre un dernier hommage. Le personnage de Chamesddine est particulièrement touchant. Son engagement désintéressé, sa compassion face à l'anonymat et au manque de respect des corps, résonnent profondément. L'expression "le dernier costume n'a pas de poche" prend alors tout son sens, rappelant la futilité des possessions terrestres face à la mort et l'importance de l'humanité et de la mémoire. Le récit ne se limite pas à l'action de Chamesddine. Parallèlement, on suit l'histoire d'Abdoulaye, un jeune migrant égaré. Ce récit secondaire permet d'humaniser davantage la figure du migrant, de montrer leur vulnérabilité et leur quête désespérée d'un avenir meilleur. La rencontre progressive de ces deux destins, bien que subtile, apporte une dimension supplémentaire à l'histoire et renforce le message d'empathie.

Le travail graphique de Paolo Castaldi est remarquable. Son trait semi-réaliste, proche du carnet de croquis ou du reportage, confère une authenticité et une force émotionnelle au récit. Les visages sont expressifs, les paysages tunisiens sont bien rendus, et les scènes en mer, parfois dures, sont traitées avec une pudeur respectueuse. L'utilisation de couleurs à l'encre, avec ses imperfections et ses nuances, renforce le côté vivant et poignant du dessin. On sent une influence de l'école italienne, notamment dans la narration visuelle et l'attention portée aux détails. « Le dernier costume n'a pas de poche » est bien plus qu'un simple récit sur la migration. C'est une réflexion sur la dignité humaine, la mémoire, et la capacité de l'empathie face à la tragédie. Galandon ne tombe jamais dans le pathos ou le larmoyant, mais parvient à émouvoir par la justesse de son ton et la sincérité de son propos. Malgré la dureté du sujet, une lueur d'espoir persiste à travers l'action de Chamesddine et d'autres personnages qui choisissent l'humanité plutôt que l'indifférence.

VERDICT

-

« Le dernier costume n'a pas de poche » est une bande dessinée marquante et essentielle. Par son approche humaine et respectueuse, par la qualité de son dessin et la justesse de son propos, Laurent Galandon et Paolo Castaldi nous offrent un récit poignant qui invite à la réflexion et à l'empathie face à la tragédie des migrants en Méditerranée.

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