Blutch et Chesterfield sont en permission et parcourent la prairie. Devant eux, deux officiers sudistes sont attaqués par un gang et abattus. Chesterfield veut intervenir, mais Blutch l'en empêche : le gang est trop important et meurtrier, ils ne peuvent pas s'en charger à eux deux. Une fois les brigands partis, ils décident d'enterrer les corps. Mais l'un d'entre eux n'est pas encore tout à fait mort et exprime une dernière volonté. Chesterfield fait une promesse et l'homme meurt. Ils doivent maintenant se rendre dans le sud pour tenir leur promesse ... remettre un médaillon à la fiancée de la victime. Ils se déguisent et emportent les papiers du Sudiste décédé. Mais ces deux Sudistes viennent d'être sélectionnés pour une mission secrète, le vol d'une cargaison d'or, en territoire Confédéré. Dès qu'ils s'en rendent compte en arrivant dans un fort du Sud, ils jouent le jeu. Ils se déguisent en Tuniques Bleues et récupèrent l'or. L'un de leurs compagnons sudistes est un homme noir. L'un des autres est le fils du général Lee. Le Noir et le jeune Lee ont grandi dans la même plantation et sont frères de lait. En somme, il y a de quoi faire une aventure compliquée, avec des embûches de tous les côtés. Comment Blutch et Chesterfield s'en sortent, s'ils peuvent libérer le soldat noir et garder l'or du côté nord.

Toutes les séries de bandes dessinées ne sont pas censées durer près d’un demi-siècle, surtout dans le genre western humoristique, de telles séries de longue durée se comptent sur les doigts d’une main. En fait, il n'y a que Lucky Luke et bien sûr aussi Les Tuniques Bleues Willy Lambil signe ici son soixante-quatrième album des Tuniques Bleues (il en est le dessinateur depuis le Tome 5, en 1974, il y a 50 ans). Lambil reste l'un des derniers représentants du style typique du grand nez du siècle dernier. Cela vous donne toujours un effet amusant, mais en même temps aussi un élan dans l'aspect graphique de l'histoire. Effectivement, l’âge se ressent et le trait est parfois tremblant, les détails plus grossiers (des personnages sont inachevés ou carrément mal dessinés), mais pas de quoi nous gâcher la lecture. Car avec le nouveau scénariste, la bande dessinée reprend de la vigueur. Le scénario de Fred Neidhart n'est pas simple, direct et donc pas unidimensionnel. On appréciera notammentle double changement d’identité, quand Blutch et Chesterfield se font passer pour des sudistes pour ensuite devoir prétendre qu’ils sont nordistes (ce qu’ils sont vraiment). La simplicité de l'humour, la fluidité des dessins, des histoires avec un fond historique ... dans l'ensemble nous avons pris plaisir à lire cette histoire. Bien entendu, la question demeure de savoir si cette série a vraiment besoin d’un retournement de situation.