1256, Italie du Nord. Corfino est un nain saltimbanque, Roberto sait parler aux bêtes (ce qui s'avère utile, puisque l'attraction numéro un de la caravane est un ours polaire), Augustin est fort, courageux et têtu, et sort toujours ses amis du pétrin, et la Vieille est une vraie sorcière, qui guide la caravane à travers des dangers visibles et invisibles. Mais l'hiver arrive à l'improviste et leur voyage s'enlise dans les montagnes, et leur rencontre avec une demoiselle en fuite et les soldats qui la gardent ne semble pas de bon augure (bien que Corfino s’en sort avec une coupe en or parée de pierres précieuses). Misère, privations, superstitions et messages d'outre-tombe, fantômes, diables réels et imaginaires, petits moments de joie passagère et l'éternel conflit entre le sacré et le profane.

La diversité est toujours un facteur d'enrichissement, d'imprévus et de connaissance. Qu'elle se trouve dans les différentes nationalités qui compose un peuple ou dans ses couches sociales, ses genres ou tout autre attributs physiques. Elle peut également permettre des rencontres ou la confiance est immédiate tant les besoins peuvent se croiser et la compréhension de l'autre évidente. Dans Corfino, on suit un petit groupe en marge d'une société médiévale soumise au labeur et a l'obscurantisme religieux. Le croisement du petit groupe avec un convoi diamétralement opposé socialement va bouleverser les vies et faire jaillir l'inattendu et le salvateur. C'est très noir de premier abord, et on a l'impression de lire un "Wilow italien" tant certaines thématiques sont proches dans un contexte historique identique. C'est doux également, car sans savoir ou l'histoire racontée a posteriori nous emmène, on sait que seul le bon ne peut sortir de cette crasse. Les dessins de Lorenzo Chiavini transmettent parfaitement les émotions des protagonistes, les visages notamment sont particulièrement réussis dans cette expression. On en ressort souriant de l'inattendu, près a ce qu'il arrive et nous emmène sur d'autres voies toutes dangereuses soient elles.