Résumé : Bâtissez un mur et l'Homme passera à sa guise... 1961. Conrad vit de contrebande dans toute l'Europe au mépris du rideau de fer. Julius est un passeur et fait de fréquents allers-retours entre Berlin-Est et BerlinOuest. Ludwig a quitté l'Est le premier jour qui a suivi l'édification du mur... puis il est revenu... puis il est reparti. Quant à Hanna, elle passe elle aussi d'Est en Ouest comme bon lui semble, empruntant des déguisements et des faux papiers de plus en plus audacieux. Alors que les autorités renforcent les dispositifs de défense du mur, les quatre passe-murailles solitaires sont réunis pour une mission bien précise : organiser une évasion d'envergure d'habitants de Berlin-Est.

Thriller en décalage.  Kid Toussaint hésite, sans jamais trancher, entre fresque historique et l’équivalent dessiné d’un buddie movie vitaminé, façon "Les Douze Salopards". Sa volonté évidente consiste à reprendre les grands principes épiques de " La Grande Evasion" (John Sturges , 1963) — qui condense la vérité historique — pour les transposer en milieu urbain. Pourtant, la réalisation de son projet oscille constamment entre le sérieux tragique et le second degré déplacé. Tous les effets de tension ou dramatiques se voient systématiquement contrebalancés, même si la situation ne s’y prête pas. Syndrome Marvel0 L’intrigue s’éparpille un peu dans toutes les directions, cherchant absolument à justifier le rôle de chaque personnage dans le succès de la mission en lui attribuant un intérêt personnel. Parfois de manière forcée, afin de couvrir assez largement le spectre varié des profils est-allemands ayant une raison valable de lutter contre le régime. L'effet devient un peu artificiel. La révélation brutale du double visage des anti-héros, censée provoquer un électrochoc chez le lecteur conditionné, ne parvient cependant pas à jouer sur ses nerfs, puisqu'elle ne sert que de tour de passe-passe pour camoufler le véritable enjeu final. Comme tous ces parias ont des choses à cacher et que les confidences fusent dans le dernier tiers de l’album à mesure que la (vraie) fin approche, aucune des révélations n’est finalement marquante. Cet enchaînement mécanique ne laisse aucun impact sur le récit en ne leur laissant pas le temps de s'installer pour déstabiliser l'action. Le dessin élastique de Tristan Josse — hormis la très belle couverture — accentue exagérément tout : actions, mouvements, expressions, décors, etc. Ce qui rend par instant la lecture compliquée et fatigante.