Coral est une jeune fille très indépendante, qui joue les sorcières pour ceux qui la croient dans un cirque basé à Prague. L’adolescente vit bien malgré elle avec un terrible secret : à ses côtés se trouve Lucifer en personne, qu’elle est seule à voir et avec qui elle peut communiquer. À la moindre mauvaise action, Coral sait que le diable l’enverrait sur-le-champ aux enfers. Sa priorité est donc de trouver le moyen de se débarrasser de cet « ange gardien » diabolique. Mais en 1938, dans la capitale tchécoslovaque, la jeune fille a d’autres soucis. De confession juive, elle craint la menace d’un autre démon, bien humain celui-là, Adolf Hitler. Sa proximité avec la magie noire va placer Coral au centre d’un complot qui pourrait bien changer le cours de l’Histoire.

La ville de Prague n’a pas attendu 1938 pour être source d’angoisse pour la communauté juive. C’est en effet dans cette cité qu’est popularisée la légende du golem, colosse d’argile dans lequel on insuffle la vie. Le démiurge de la créature, le rabbin Juda Loew, l’aurait façonné au xvie siècle pour protéger ses coreligionnaires des incessants pogroms qu’ils subissaient. Josep Homs fait le pont entre les deux époques en imaginant le personnage de Coral, descendante supposée du rabbin Loew. Et en réactualisant la légende du golem dans une Europe au bord de la guerre. Le trait et les couleurs du dessinateur immergent idéalement le lecteur dans l’atmosphère sombre et oppressante de la capitale tchécoslovaque, quelques mois avant l’entrée des troupes nazies dans la ville. Le personnage de Coral, solaire bien que familière du monde des ténèbres, est un solide motif d’espoir. L’adolescente va jouer à la plus fine avec Lucifer, comme Homs avec son lectorat. La légende s’entremêle à la réalité historique, avec en filigrane l’émouvante découverte par Coral de la vérité sur son père.